Ingénierie - 12.02.2021
Le passage supérieur de la Jonction du Grand-Saconnex sera le premier pont routier haubané du canton de Genève. Il représente sans conteste l’ouvrage phare du chantier de la JAG. Encore peu répandus en Suisse, les ponts à haubans demandent une expertise technique pointue, confiée dans le cadre de ce projet à l’entreprise Sottas SA.
Sottas SA a intégré le projet de la JAG dès le début des travaux. Elle est en charge de tous les ouvrages métalliques du chantier, en particulier les ponts et les portiques autoroutiers. Si chaque ouvrage métallique dispose de ses spécificités, cet article se focalise sur le passage supérieur du Grand-Saconnex.
Des interventions qui impliquent divers métiers
À la réception des plans d’exécution, l’entreprise se focalise sur la structure métallique afin de l’optimiser, la redessiner avec ses propres logiciels spécialisés et y intégrer les détails de fabrication. L’ordre est ensuite donné aux machines de l’atelier pour le découpage des tôles (le débitage par oxycoupage). Afin de préparer les différentes pièces avant le soudage, celles-ci sont chanfreinées. L’ouvrage est subdivisé en tronçons et éléments en fonction des capacités de production en usine, des transports et de l’assemblage sur site. Chaque élément reçoit un traitement anticorrosion. Le matériel est ensuite acheminé vers le chantier où une partie importante du travail se poursuit avec l’assemblage et le soudage des différents éléments entre eux ainsi que la finalisation du traitement anticorrosion.
Ces phases d’intervention requièrent différents corps de métiers. Dessinateurs, techniciens, opérateurs machines, assembleurs, peintres, soudeurs, en passant par les monteurs sur site, les ingénieurs et les chefs de projet, sans oublier les conducteurs, environ 30 personnes de l’entreprise œuvrent sur le projet de la JAG en interconnexion avec les autres mandataires.
Un matériau aux multiples avantages
Sa modularité et sa flexibilité font de l’acier un acteur incontournable de la construction moderne. Plus résistant à la flexion et à la traction, il contribue à la conception de ponts de plus en plus légers, aux performances de plus en plus importantes.
Il existe plusieurs types d’acier. Le standard S355, grâce à sa bonne soudabilité, est destiné à la construction de pièces non soumises aux hautes exigences de résistance. Pour les éléments d’ancrage des haubans sur le mât et le tablier par contre, on utilise une nuance d’acier S460 qui doit résister à des contraintes élevées. Les haubans eux, constitués de câbles clos, sont réalisés à partir d’un acier avec une limite de résistance à la traction de 1'570 N/mm2. La branche de la construction métallique suisse dans le domaine des ouvrages d’art doit respecter les exigences de la norme européenne EN 1090. Cette norme définit quatre classes d’exécution (EXC1 – EXC4), les exigences allant croissant de l’une à l’autre en fonction de l’importance de l’ouvrage, du risque en cas de défaillance en termes de coût humain et économique, et des sollicitations auxquelles l’ouvrage est soumis (actions statiques ou cycliques). Un ouvrage tel que le pont haubané doit répondre intégralement à la classe EXC4, la plus contraignante.
Une technique de construction éprouvéee
Certains paramètres comme les dimensions et le poids des éléments ainsi que l’accessibilité pour des moyens conventionnels (grues automotrices) déterminent la technique de construction. L’avantage de la construction par étapes de lancement est de concentrer l’assemblage de la structure sur une zone relativement réduite, en dehors des contraintes topographiques ou en l’occurrence de circulation. Elle permet de limiter au minimum l’impact des travaux sur le trafic et la gestion de l’autoroute.
Avant de procéder au lancement, cette technique implique que la construction de l’ouvrage, soit l’assemblage des tronçons préfabriqués, se fasse sur la plateforme de montage à côté de l’autoroute, devant la culée (appui d’extrémité d’un pont) avec la particularité que sur le chantier de la JAG, l’espace est très restreint et qu’il y a très peu de dégagement vers l’arrière. La plateforme occupe huit soudeurs en permanence. Il faut compter environ cinq semaines de travail pour réaliser un tronçon de douze mètres de long. En tout, ce seront sept tronçons mis bout à bout qui permettront d’atteindre les huitante mètres de longueur du pont.
Lorsque l’assemblage de plusieurs tronçons est opéré, on peut procéder au lancement qui consiste à tirer le pont. Concrètement, les tronçons sont mis sur des lignes d’appui faites de plaques en téflon, qui permettent le glissement du pont. Un système de vérins hydrauliques permet de tirer le tablier. Cette opération se déroule à une vitesse effective de huit à dix mètres à l’heure supervisée par un chef opérateur et toute une équipe de monteurs et d’hydrauliciens. Le lancement du pont du Grand-Saconnex se fera en quatre étapes réparties sur environ cinq mois.
Le mât, fabriqué en deux éléments, pourra ensuite être dressé à l’aide de grues pour culminer de ses trente-sept mètres de haut. La mise en tension des câbles et des haubans se fera dans la foulée. La pose de l’asphalte et l’application d’un matériau d'étanchéité sur la surface du béton structurel du tablier marquera la fin de l’ouvrage.
Chiffres clés