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Profil métier - La géométrie routière ou l’art de concilier enjeux et contraintes

Profil métier - 19.08.2020

 

 

Loin des années soixante où l’on créait des routes les unes après les autres pour répondre à l’essor de la voiture et densifier le réseau, les ingénieurs d’aujourd’hui répondent à de nouveaux besoins clairement identifiés. Découvrez la géométrie routière, ou l’art de concilier enjeux et contraintes.

 

Pour la dizaine de spécialistes en géométrie routière impliqués, le cas de la JAG est très particulier. Le fait d’avoir 4 jonctions (JAG, Aéroport, Meyrin, Vernier) et l’échangeur du Vengeron qui se succèdent sur quelque quatre kilomètres est complexe, de même que la concentration d’infrastructures réunies sur un tel pôle. Autre originalité du projet, la présence d’un nouveau tunnel urbain, fait rare, voire unique en Suisse, et la route des Nations qui doit être reliée à la JAG.

 

La planification, première étape sujette à beaucoup d’évolutions

En 2002, les ingénieurs de Citec ont été mandatés par l’Etat de Genève pour concevoir la jonction de Ferney et la nouvelle route des Nations. La JAG n’existait pas encore. Avec l’entrée en jeu de la Confédération et de l’OFROU en 2008, le projet a atteint une portée nationale et connu de nombreuses adaptations. On est passé à une vision conciliant la densification de la zone et le renforcement des mobilités actives.

 

Modélisation du trafic (véhicules / jour)

 

Les données de départ sur lesquelles se sont basés les ingénieurs en géométrie routière sont celles d’un fort trafic pendulaire avec plus de 300 000 entrées dans le canton chaque jour. Avec des chiffres aussi élevés, il est important d’adopter divers niveaux de service et d’accepter une saturation mesurée du trafic. Il faut effectuer une pesée des nombreux intérêts tels que le développement économique, le développement territorial, l’évolution des mentalités, la complémentarité des modes de transport, etc. pour éviter les effets rebonds créant un « aspirateur à trafic ».

 

Une modélisation basée sur des enquêtes auprès de la population

Pour que le travail de géométrie routière soit efficace, il doit s’adapter aussi bien aux besoins actuels et futurs: c’est la phase des aménagements, dite aussi d’optimisation du projet. Il doit donc prendre en compte l’évolution du territoire au cours des 40 prochaines années. Ces besoins spécifiques ont imposé une approche sur mesure, s’appuyant sur de larges enquêtes menées auprès de la population. L’objectif ? Mesurer les tendances, évaluer les changements de mentalité et de comportement.

 

Redimensionnement manuel du plan technique

 

Afin de proposer des solutions concrètes, cette phase passe aussi par un dialogue avec les ingénieurs en génie civil, notamment pour étudier la faisabilité des aménagements prévus et intégrer les aspects techniques du tracé. A cette étape va succéder la spécification des aménagements. Durant cette période, les plans seront redimensionnés aussi souvent que nécessaire. Au final, des centaines de versions différentes seront produites entre la phase de projet et l’état définitif.

 

Eviter les conflits d’usage, une des clés

Dans une zone telle que la JAG qui voit transiter plus 100'000 véhicules chaque jour, il est inconcevable de fermer la circulation. Il s’agit alors de concevoir une signalétique et des aménagements ayant le moins d’impact possible pour les 150 millions d’usagers prévus en 4 ans. En cela, la phase de chantier conditionne ce qu’il est possible de réaliser afin de minimiser les nuisances.

On sait par exemple que le fait de tourner à gauche - un mouvement qui coupe tous les autres mouvements – est une source majeure de conflits. Il faut dès lors déterminer ce qui est admissible et ce qui doit être supprimé. La forme en trèfle, avec ses boucles à droite, offre une manière de dénouer les conflits, tout en permettant de gérer la différence de vitesse entre réseau cantonal (50km/h) et réseau national (120 km/h – 100 km/h pour le tronçon JAG). Dans le cadre de la JAG, le premier projet prévoyait un gigantesque anneau en surplomb, qui a été éliminé pour être remplacé par cette forme plus technique. Il a ainsi été possible de supprimer une dizaine de conflits physiques, soit une vraie amélioration du point de vue sécuritaire et capacitaire.

En définitive, la géométrie routière se définit par la notion d’évolution permanente, l’équilibre à trouver entre enjeux et contraintes, l’intégration de nouvelles données qui n’étaient pas prévues initialement. Le propre d’un projet d’une telle ampleur, c’est qu’il va continuer à évoluer. Les aménagements prévus par les ingénieurs en géométrie routière doivent ainsi pouvoir absorber cette évolution pour les 40 prochaines années.

 

Chiffres clés

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